Un disque qui, de toute l'histoire des meilleures ventes de CD de jazz, se situe en troisième position (après Kind of Blue - de Miles Davis lui-même ! - et Time out - de Dave Brubeck), ça interpelle. Surtout lorsqu'on pense à toutes les richesses discographiques concurrentes, souvent plus faciles d'accès, qui auraient pu emporter la palme. Car Bitches Brew, tout en constituant un croisement entre jazz d'une part, rock et funk de l'autre, demande une autre sorte d'écoute qu'un jazz de base, un rock qui roque et un funk qu'est funky. Mais il est vrai que Bitches Brew n'est pas non plus du free-jazz, alors que cette voie musicale est en plein essor à la fin des années '60, où éclot « Bouillon de garces ». Désolé pour cette traduction un peu abrupte, mais c'est bien la signification (la plus polie) de Bitches Brew, qui aurait dû s'appeler « Witches Brew », autrement dit « Breuvage de sorcières » (nettement plus relevé), si la provocante Betty Davis, épouse de Miles Davis à l'époque, n'était passée par là.