Le premier roman d'Ocean Vuong, un bref instant de splendeur, prenait la forme d'une lettre adressée par un fils à sa mère analphabète. Dans Le temps est une mère, son deuxième recueil de poèmes, Vuong renoue avec cette voix singulière, qui témoigne de la violence des traumas autant que des éblouissements de l'amour. Confiant dans les pouvoirs du langage, le poète use ici des ressources vivifiantes de la poésie pour faire face à la perte de sa mère et donner forme à l'absence. D'une rare intensité émotionnelle, la langue d'Ocean Vuong casse la syntaxe pour mieux recréer un lien au point de bascule d'un vers à l'autre.